Colloque
Auxerre - 3-4 octobre 2008
Responsables scientifiques : S. Shimahara et J. Gomes
Etudier l’exégèse en tant que prédication, c’est s’intéresser à son statut social et à sa fonction spirituelle : les commentaires bibliques constituent une forme de prédication, savante, écrite, aux IXe–XIIe siècles pour lesquels nous ne conservons que peu de traces de la prédication orale. On sait leur fonction monastique – une aide à la lectio diuina –, pastorale – les évêques en sont commanditaires ou auteurs – et scolaire. Cette dernière dimension, liée à l’origine aux deux premières, s’affirme de plus en plus au fil du temps. L’atelier cherchera à comprendre les fonctions du prédicateur et de la prédication en adoptant plusieurs lectures de textes bibliques qui émanent eux-mêmes de types du prédicateur médiéval : les prophètes et les apôtres. On cherchera tout d’abord à savoir si un corpus est préféré à une époque, en un lieu, en un milieu social, voire par certains auteurs, à partir du panorama des commentaires de ces livres. Les contributions éclaireront ensuite, par une série d’études de cas sur des thèmes communs, la spécificité de chaque auteur. Il s’agira d’abord de déterminer s’il existe un lien entre le profil social de chaque auteur et sa vision de la prédication, selon une approche ecclésiologique : en explicitant les prescriptions bibliques, le commentateur actualise le Livre, parle de la société de son temps. Le questionnement anthropologique constituera une seconde approche. Cette dimension, difficile à cerner dans l’exégèse médiévale, n’a pas fait l’objet de développements approfondis, alors que la Bible – surtout l’Ancien Testament – a déjà été étudiée sous cet angle, en particulier pour ses multiples références au sacrifice et pour ses interdits alimentaires complexes. On pourrait alors aborder l’interprétation biblique médiévale en tant que prédication, en tant qu’accomplissement en acte de cette dimension. Les conditions de la pratique, l’insertion dans un rite, dans une cérémonie précise ou dans le cadre d’une occasion exceptionnelle, gagneraient à être mieux comprises. Les réflexions de Philippe Descola peuvent aider à penser ces deux « privilèges » de la prédication (de la parole, de la médiation) et de l’interprétation (également exercice de médiation).
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