Depuis les années 1980, une approche nouvelle s’est imposée autour de la construction en reprenant le principe archéologique de la stratigraphie des unités et des faits. Plusieurs colloques ont pu témoigner de ces progrès : par exemple, pour la France, Archéologie du bâti. Pour une harmonisation des méthodes. Actes de la table ronde (9-10 nov. 2001) Saint-Romain-en-Gal, Paris, 2004 ; ou la réunion à Liège, en 2010, de spécialistes allemands, anglais, belges, français, luxembourgeois et suisses, publiée sous le titre L’archéologie des bâtiments en question. Un outil pour les connaître, les conserver et les restaurer (Études et documents 35, Service public de Wallonie, Namur, 2015).
Cette avancée va bien au-delà des études architecturales traditionnelles ; celles-ci reposaient essentiellement sur les formes et les grandes étapes de changement visibles à l’œil depuis le sol. Ces études nouvelles ont permis, en particulier, de dégager ce qu’on appelle désormais une critique d’authenticité. Le bâti, exploré de manière de plus en plus précise à travers ses composants structurels et ses matériaux, apparaît aujourd’hui non comme uniquement un ensemble de formes inscrites dans l’histoire mais comme une structure complexe toujours en renouvellement. La construction n’est plus celle d’un type entrant dans des cases mais celle d’un lieu aux fonctions et aux usages ayant évolué avec le temps. Sa permanence comme sa disparition interrogent l’archéologue.
L’archéologie du bâti est avant tout une technique toujours renouvelée, non une discipline qui menacerait – aux dires de certains – celle bien assise depuis le XIXe s. de l’Histoire de l’art. Il n’y a pas à opposer les deux, pas plus qu’à la confronter au travail de l’architecte missionné pour une autre finalité. Dans les deux cas, l’exigence doit être celle du scientifique poussé toujours plus loin par son objet. À regarder de près cette pratique depuis trois décennies, on peut réaliser qu’elle touche toutes les périodes et peut s’envisager pour tous les supports, tels les enduits ou le décor sculpté.L’archéologie du bâti ne commence pas aux premiers niveaux d’élévation. Elle est partie prenante d’une seule archéologie qui appartient à une démarche globale. On comprend parfois mieux ce que l’approche sédimentaire a recueilli ou retrouvé si, dans le cas de structures bâties, on développe la même rigueur stratigraphique sur le bâti et inversement. Tout regard archéologique ou architectural sur le bâti ne relève pas pour autant de « l’Archéologie du bâti ». Cette archéologie est aujourd’hui dans « tous ses états » car elle doit s’imposer sans se séparer de ses disciplines mères que sont l’histoire, l’archéologie et l’histoire de l’art.
Il nous faut ainsi redéfinir le sens de la pratique de l’archéologie du bâti, ses axes et méthodes, 20 à 25 ans après les premiers colloques, alors même que la tendance est d’appliquer ce terme à toutes sortes d’approches. Nous devons proposer des méthodes de travail et de recherches en amont et pendant les restaurations des monuments, en accord avec les règlements existant ou à venir. Pour cela, il nous faut échanger sur toutes les questions à travers des expériences internationales portant sur tous les aspects du bâti.Nous avons retenu, pour faire le point, l’idée d’un nouveau colloque international intitulé L’archéologie du bâti aujourd’hui et demain. Les partenaires institutionnels, autour d’ARTEHIS et du CEM d’Auxerre, en seront les universités de Neuchâtel (Suisse), ULB de Bruxelles (Belgique), de Bourgogne-Franche-Comté, Paris Sorbonne-Université et Paris-Ouest Nanterre, avec le soutien du Ministère de la Culture.