" Il semble aujourd’hui bien loin le temps où la France détruisait son passé à grands coups de tractopelle à chaque construction de parking ou d’autoroute. Dans les décennies d’après-guerre, l’aménagement du territoire et la mécanisation des travaux ont bien failli avoir raison de deux mille ans de patrimoine. La mise en place d’une législation qui régit l’archéologie dite « préventive » permet désormais aux chercheurs d’intervenir à la manière de pompiers pour documenter ces vestiges. Son financement fait surtout appel à des fonds privés, par le biais d’une redevance appliquée à l’ensemble des travaux et l’obligation faite à l’aménageur de payer les fouilles.
En 2001, une structure a été créée pour répondre à cette mission assumée jusqu’alors par des associations : l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), dont l’activité est complémentaire de l’archéologie « programmée », portée par les universités et le CNRS. L’écho médiatique qui accueille chacune de leurs découvertes peut donner le sentiment d’une communauté unie de professionnels animés par la même passion."
Matthieu Poux est professeur d’archéologie à l’université Lyon-II, directeur de l’UMR 5138 - MSH MOM, membre du conseil scientifique de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap).